«Gemini man» de Ang Lee, actuellement dans nos salles de cinéma : L’ivresse est dans le flacon

Bien entendu on est loin du cinéma d’auteur mais en plein blockbuster hollywoodien, enfant de la célèbre machine. Mais derrière ce scénario d’action classique il y a toute une vision de la fabrication du cinéma, effrayante de nouvelles technologies et qui risque de changer notre perception visuelle dans quelques années.

Le scénario est très habituel, il est dans la démesure et le déjà-vu … encore une histoire de clone ! C’est pour cela qu’on ne s’y attardera pas.
L’expérience de Gemini Man aurait était banale si elle était tournée en 24 images/seconde mais voici qu’elle devient une expérience à nulle autre pareille et constitue une date importante dans la manière de concevoir le cinéma, et, sans aucun doute, une pierre blanche vers le chemin du cinéma de demain. Un cinéma plus immersif, plus émotionnel, plus impressionnant, plus prenant, et donc encore plus marquant, rompant définitivement les barrières vers l’imaginaire. Et rien que pour cela, il faut voir ce film dans son format de base et sur un grand écran bien équipé de préférence.
Dans « Gemini Man », le réalisateur Ang Lee bouscule en fait  les conventions et tente de faire avancer le cinéma passant de 24 à 120 images secondes. Dans ce sens, on peut dire que, au-delà de son aspect de film d’action des 90’s, «Gemini man» est important à bien des égards, et offre la possibilité pour le double oscarisé, derrière «Tigre et Dragon» ou «L’Odyssée de Pi», de faire avancer le langage cinématographique au travers d’un blockbuster s’il est diffusé dans de bonnes conditions bien entendu. L’intrigue suit Henry Brogen, tueur à gages cinquantenaire, désireux d’une retraite paisible après une vie de tuerie, malheureusement contrariée lorsque sa tête est la cible d’un clone plus jeune, plus rapide et plus dangereux.
Cependant la force du métrage est toute autre : en effet, chaque plan produit une vraie sidération d’entrée de jeu, une envolée technique absolument vertigineuse. Que ce soit un train en marche, deux personnes discutant autour d’un verre ou un panorama citadin ou marin, la quantité d’informations visuelles qui nous arrive à la rétine abolit les limites de l’écran et nous ouvre littéralement une fenêtre vers ce qu’il s’y passe, sans aucune sensation de flou et une netteté absolue.
Le film innove dans le sens où il nous donne une sensation d’hyper-réalisme qui crée une très forte implication émotionelle à partir d’un simple plan. Le film happe le spectateur de manière viscérale, une réelle expérience dans ce que peut être le cinéma du futur avec des Travelings longs et fluides et une gestion intelligemment bluffante des lignes de fuite. Que ce soit une poursuite en moto, des fusillades musclées, une confrontation émotionnelle en plan fixe ou un monologue face caméra, chaque effet est démultiplié.
On n’aurait jamais cru que l’image est porteuse d’une quantité d’informations aussi riches. Mais ce qui constitue une première dans l’histoire du cinéma c’est le double numérique de Will Smith (qui joue son clone alors qu’il était jeune). Un immense défi technique que de créer ce jeune clone de 23 ans (qui nous rappelle Will Smith dans le prince de Bel Air), il s’agit du premier double numérique porteur d’émotions….
Bref, on sort de «Gemini Man » en se posant la question : à quoi ressemblerait le cinéma de demain avec un tel dispositif  où la moindre petite chose à l’écran est réinventée ? L’illusion cinématographique vient d’être remise à jour après un siècle de cloisonnement.

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